Comment devient-on comédien voix off ?

Entretien avec Emilie, comédienne voix off avec qui l’agence ABC Voice a réalisé plusieurs projets.

Emilie nous présente sa voix à travers cette démo.
Emilie, voix off en studio d'enregistrement
L’équipe ABC Voice remercie chaleureusement Emilie pour nous avoir accordé cet entretien.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a mené à devenir comédienne voix off ? 

J’ai fait un parcours d’études assez classique. Après un bac STT j’ai fait un BTS assistant de gestion. J’ai suivi ce parcours car j’ai suivi le parcours familial et je voulais quelque chose d’assez polyvalent. J’ai donc occupé des postes assez variés dans le commercial et l’administratif. Malheureusement, je me suis à chaque fois lassée au bout de quelques mois. Je me disais peut-être que je vais passer ma vie à me lasser de ce que je fais. 

Il y a eu un tour du monde en 2014-2015, où j’ai remis beaucoup de choses en question. J’ai commencé à me rendre compte que si je me lassais aussi vite c’est que je n’étais peut être pas au bon endroit. Je me suis dit quand je vais rentrer je vais changer ma façon de faire au travail et on va voir si ça me redonne l’élan, sinon je me poserai d’autres questions. Je suis rentrée, et très rapidement je me suis rendu compte que non, je n’avais plus envie. 

J’avais déjà commencé à chercher du côté de l’écriture, de la chanson et de la voix. 

Petite, je m’amusais beaucoup avec ma voix, à chanter ou faire des imitations. Je me souviens que j’apprenais mes leçons en me les répétant avec des voix différentes et ça m’amusait beaucoup. Finalement, c’est un peu ça qui m’a donné le déclic, que j’ai su que je devais creuser de ce côté. De recherches en recherches, j’en ai appris plus sur la voix off. Je me suis dis « c’est génial la voix off « : je travaille avec ma voix, je parle dans un micro et en même temps on me voit pas !

En me renseignant, j’ai vu qu’il fallait avoir un parcours plutôt théâtral, ce qui n’était pas mon cas mais j’étais motivée et je me suis laissée porter par le projet. J’ai eu une première expérience, où j’ai fait quelques spots pour le magasin de mon père. Après ça s’est enchainé, j’ai fait une formation par Internet puis une formation en présentiel Lyon, et j’ai commencé à bâtir un réseau. Tout s’est fait un peu naturellement. Quand on est au bon endroit, les portes s’ouvrent et il n’y a pas obligatoirement besoin de passer par des chemins tout tracés. Alors, si on est fait pour faire de la voix off, on y arrivera.  Aujourd’hui je ne me lasse plus et je ne vois pas le temps passé !

Emilie nous raconte son parcours dans cette vidéo.

Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel est précisément votre métier et en quoi consiste-t-il ?

A la base, c’est une spécialité de comédien ou d’acteur. C’est ce qu’on lit et qu’on peut entendre partout. Ensuite, comme je le disais, on peut avoir des prédispositions à jouer avec sa voix sans passer par la case théâtre. Mais le théâtre aide vraiment à travailler le placement de sa voix, ses intentions et permet d’avoir plus d’aisance. 

Ce métier, c’est prêter sa voix à différents projets audiovisuels. D’ailleurs, on se rend compte que de la voix off il y en a partout. Sur le quai des gares, sur les répondeurs téléphoniques, sur les sonos au magasin, sur les vidéos internet, les spots tv, à la radio…Il y en a vraiment partout. L’idée c’est que la voix off vient mettre un lien entre l’audience et la production. On vient accrocher l’oreille, créer un lien émotionnel, en amusant, en distrayant. Ainsi, on crée un lien entre le digital et l’oreille humaine. 

Quelle est la différence entre la voix off et le doublage ?

La voix off va être pour tous ce qui est production type publicités, toutes ses voix qu’on entend sans jamais voir qui parle. Dans le doublage, c’est se mettre au service de l’acteur ou l’actrice qu’on double. C’est-à-dire qu’on va avoir son image, sa gestuelle et son jeu mais qu’on aura plus sa voix. Dans le doublage, on doit se fondre dans le personnage de fiction qu’on va doubler.  

L’environnement n’est pas le même non plus. Le studio est très différent. Au doublage, il faut savoir lire une bande rythmo, est pour ça, il faut un vrai talent d’acteur. Ainsi, il faut être capable de voir tout ce que l’acteur fait à l’écran. On est dans l’œil du comédien, on oublie son corps et on se fond dans le moindre geste, la moindre expression du personnage doublé.

Finalement, quelles sont les qualités nécessaires pour exercer le métier de comédien voix off ?

En dehors d’avoir une voix, et d’avoir un petit bagage théâtral, il faut également savoir être à l’écoute. Savoir écouter ce qu’attend le client, le directeur artistique ou l’agence de communication. Il faut savoir mettre son ego de côté. Parfois, quand on fait ce genre de métier, le côté égo ressort. C’est normal, quand on donne quelque chose, on se met à nu en quelque sorte et ça peut être compliqué d’entendre les critiques. C’est pourquoi il est nécessaire de mettre son égo de côté et écouter le besoin du client et ses remarques. Il faut donner ce que le client final attend. Les deux plus grandes qualités sont l’écoute et la générosité, pour donner un maximum de matière. Dans l’ensemble, la flexibilité, l’adaptabilité et la réactivité sont essentielles pour exercer dans cette voie. 

Qui sont vos principaux clients ?

Les principaux clients vont être les boîtes de production pour ce qui est production de publicité, télévision ou radio. Parfois j’ai affaire au client final. Par exemple quelqu’un qui crée une application et qui veut une vidéo pour expliquer comment celle-ci fonctionne. Il y a aussi les agences de communication et de pub, ainsi que les entreprises qui sont spécialisées dans la création de contenu digital.

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Portrait d'Emilie Lucet, voix off professionnelle

Quel matériel est nécessaire pour se lancer dans ce métier?

Avec l’expérience, pour moi le plus important c’est d’avoir une bonne insonorisation et une bonne acoustique. On peut s’acheter un super micro, un super casque, une super carte son… Cependant, si à la base on a pas une bonne acoustique et une bonne insonorisation, on ne peut pas faire du travail de qualité. La base ça va être ça, et après bien sûr également s’acheter du matériel adapté à chacun, à sa voix. Le mieux c’est d’essayer jusqu’à trouver le set up idéal pour sa voix et son environnement. Par ailleurs, il faut un micro, une carte son, une pré ampli, un ordinateur et un bon logiciel d’édition audio. Puis le tour est joué !

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaiteraient exercer ce métier ?

Je dirais qu’a la base si on est passionné on est curieux, et si on est curieux on va aller s’enrichir de plein de choses. Si on a la passion au départ, on fait par conséquent une bonne partie du travail. Travailler sa voix, travailler sa respiration, se faire coacher et ne jamais cesser de s’entraîner et d’apprendre. De plus, le théâtre et le chant sont des activités qui peuvent aider à avancer dans ce métier là. Il faut se former tout au long de sa carrière, avoir un bon réseau et surtout s’amuser !

Qu’est ce que vous préférez dans ce métier ? 

Ce qui me plait le plus c’est que je travaille seule, et que je peux ainsi rester concentrée et recharger mes batteries quand j’en ai besoin. Parler dans un micro, c’était vraiment un rêve de gosse. Chaque jour quand je rentre dans mon home studio, je suis heureuse et je me sens à ma place. J’aime quand j’ai des retours positifs de mes clients et je suis comblée quand ils sont contents de moi. Ensuite, j’aime donner du sens à ce métier avec une approche plus personnelle. J’ai un concept de podcast sur mon tour du monde en préparation.

Quel relation entretenez vous avec ABC Voice aujourd’hui ?

ABC Voice est implanté à Toulouse et à Grenoble. C ’est un peu comme si vous étiez mes voisins, puisque je suis près de Chambéry. J’aime cette proximité. Je suis très contente de mes collaborations avec ABC Voice, l’équipe est super sympa que ce soit Clémence, Antoine, Benjamin et vous même Marie-Alix, nous avons de une bonne entente. On s’entend bien et on communique bien. Il y a effectivement du sérieux des deux côtés, et j’en suis plus que satisfaite. J’espère encore travailler avec vous à l’avenir.

Si on résume, comment devient-on comédien ou comédienne voix off ?

Selon moi, la passion est vraiment l’assise de tout ça. Il faut être curieux et se former, il existe des formations très bien sur les voix off. Un bon équipement matériel est également très important, il faut arriver à bien se renseigner pour avoir un matériel adapté.

Les qualités humaines et professionnelles sont aussi plus qu’essentielles. Être à l’écoute, être pro, rigoureux et généreux dans ce qu’on donne. C’est un engrenage, un cercle vertueux : ainsi plus on va donner, plus on recevra. 

Quel est le rôle d’une voix off ?

Interview réalisé par visio conférence le 19 mai 2021 à Toulouse
Marie-Alix Payeur