Milia Legasa et ABC Voice collaborent régulièrement ensemble sur des projets de podcast professionnel.
Elle vient aujourd’hui nous faire découvrir son métier passionnant.
1. Peux-tu nous présenter ton parcours et ce qui t’a amené à te spécialiser dans le podcast ?
Mon parcours est au départ celui d’une journaliste radio. Je voulais être journaliste, j’ai fait des études de langues et ensuite une fac d’histoire avec une maîtrise d’histoire. Tout était calculé dans ma vie pour faire journaliste : je voulais être capable de parler des langues étrangères, avoir une bonne culture générale…
Quand j’étais étudiante, j’ai eu l’occasion de faire un premier stage à La Dépêche qui m’a énormément plu. Puis, j’ai pu faire un stage en radio, à France Bleu Belfort Montbéliard pendant tout un été. L’équipe était incroyable, j’ai adoré ce stage et je suis complètement “tombée dedans”. J’ai adoré la radio et c’est à ce moment que j’ai réalisé que je voulais orienter ma vie vers ce métier de journaliste radio. Je me suis donné les moyens de devenir journaliste radio, et j’ai réussi. J’ai travaillé un petit peu en presse écrite, j’ai essayé plusieurs domaines. J’ai également eu une expérience d’un an dans une radio Aveyronnaise qui s’appelle Totem. J’ai pu rejoindre une agence de presse audio et, de fil en aiguille, j’ai fini par réussir le casting de la création de Toulouse FM. J’étais à l’antenne le jour de la prise d’antenne de Toulouse FM, vraiment le jour de la naissance de cette radio. J’y ai fait les matinales pendant 8 ans, c’était assez intense, je me levais à 4 heures tous les matins. J’ai ensuite rejoint A2PRL, une agence de presse audio où je suis restée 4 ans. Je me suis donc consacrée à la radio pendant une petites quizaines d’années en tant que journaliste radio.
On arrive en 2018, où j’ai décidé de me lancer dans la création de podcast. A cette période, le podcast en était encore au tout début de sa vie. Très peu de gens savaient ce que c’était, c’était un média de niche, méconnu.
Malgré tout, j’ai vu du potentiel dans ce nouveau moyen de communication et, avec un ami ingénieur du son, on s’est lancé dans l’aventure podcast. Au début, on faisait des podcasts bénévolement, ça nous faisait gagner en expérience. On s’est donc formé tout seuls, avec notre savoir-faire de journaliste et d’ingénieur du son. En parallèle, j’ai développé une formation avec un organisme de formation qui s’appelle Imedia. C’est une formation pour créer son podcast par ses propres moyens.
« Aujourd’hui mon boulot, c’est d’accompagner les entreprises et les particuliers à la création de podcast, que ce soit pour de la communication interne ou externe. »
2. Peux-tu décrire en quelques mots en quoi consiste ton métier ?
Je suis chargée de production podcast, cheffe de projet podcast. A partir du moment où une institution ou une entreprise souhaite créer un podcast, je vais l’accompagner de A à Z dans toutes les étapes de fabrication. Je vais fournir le matériel, caler tout le rétroplanning et participer à la rédaction du conducteur. Je vais mettre en place une structure de podcast, définir avec le client les formats, la régularité de diffusion… En fait, on va vraiment travailler sur le concept du podcast, comment le mener à bien jusqu’à sa réalisation globale et jusqu’à sa diffusion même.
Mon travail, c’est ça : accompagner les entreprises tout le long de leur processus de fabrication du podcast.
3. Qui sont tes principaux clients et peux-tu me citer des entreprises pour lesquelles tu as pu réaliser un podcast ?
On travaille beaucoup avec une agence de communication qui s’appelle Terre & Co, c’est un partenaire important. On travaille régulièrement avec des agences de communication, comme ABC Voice d’ailleurs, qui vont trouver des clients intéressés par le podcast et vont faire appel à nous. Milan Presse est une maison d’édition jeunesse avec laquelle on collabore sur un très gros projet, avec 18 épisodes. On a créé avec eux un podcast qui s’appelle SOS BFF qui s’adresse aux jeunes adolescentes entre 9 et 14 ans. On a fait plusieurs castings pour les voix off, il y a eu un gros travail de suivi de production, on a vraiment mis tout en place pour que ça soit un podcast très qualitatif. On a d’ailleurs appris hier qu’on avait dépassé la barre des 100 000 écoutes. Ce podcast est super, les jeunes filles l’adorent et on arrive à faire des gros scores niveau écoute, donc c’est gratifiant.
4. Pour les personnes qui ne sont pas familières avec l’univers du podcast professionnel, peux-tu nous rappeler la différence entre un podcast de marque et un podcast interne ?
Alors, ça n’a rien à voir ! *rires*
Un podcast de communication interne, c’est un podcast à destination des salariés d’une entreprise. Ça fait aussi partie de mon travail, en tant que freelance, je travaille avec d’autres agences de création de podcast. J’ai d’ailleurs eu un prix au salon du podcast, pour un podcast de communication interne pour une entreprise de l’industrie pharmaceutique. L’idée de ce podcast était que les salariés parlent aux salariés. Nous avons été récompensés pour ce podcast, car on nous a dit qu’il donnait l’impression de faire partie de l’entreprise, d’être au cœur des histoires.
C’est ça le podcast interne : communiquer autour des actualités de l’entreprise avec comme interlocuteurs les représentants de l’entreprise. C’est un podcast qui va presque être “secret défense”, le public ne va pas en parler, il ne sera pas diffusé en dehors de l’entreprise.
Le développement de la communication orale en entreprise
A l’inverse, un podcast de marque est diffusé au grand public, sur toutes les plateformes de diffusion. L’idée est que le podcast de marque vient valoriser l’image de l’entreprise à travers l’histoire qu’on va raconter, de manière crédible et structurée. C’est du storytelling audio élaboré, il y a vraiment une réflexion sur la stratégie de marque et sur les valeurs défendues.
5. Quelle est ta méthode de travail quand une entreprise te contacte pour un podcast ?
D’abord, on rencontre le client et on fait une réunion de brainstorming du projet. Ma présentation d’expertise s’appelle “Du rêve à la réalité”. En effet, généralement les clients arrivent avec une envie, pas très précise, ils ont comme un “rêve”.
On va être amené à leur demander plein de précisions pour conceptualiser ce “rêve”: qu’est-ce qu’ils aiment écouter, à quoi ils se référent, qu’est ce que ça évoque pour eux le podcast…
Dans un premier temps, on va faire une grosse réunion pour définir les objectifs.
A partir de là, on va transformer ce “rêve” en quelque chose de réalisable, en fonction de leur budget, du temps et de ce qui est faisable techniquement.
Une fois qu’on a fait ça, on va définir une fréquence de diffusion avec un rétroplanning clair afin de mettre en place des solutions de fabrication. On va donc accompagner le client à chaque étape, et ça passera systématiquement par la rédaction d’une structure de base, d’un conducteur c’est-à-dire un scénario.
La rigueur dans la création est très importante : certes les épisodes seront différents en termes de contenus mais au niveau de la durée, ils devront être cohérents car il faut créer un rendez-vous avec l’auditeur. Pour chaque épisode on va retravailler le contenu ensemble, relire tous les conducteurs, remettre en place toutes les voix off… Jusqu’à la diffusion. A chaque fois, ça passe entre les mains de l’ingénieur du son qui lui va s’occuper du petit coup de baguette magique pour que le rendu soit beau et propre. C’est lui aussi qui va gérer la diffusion sur les différentes plateformes de streaming.
6. Quels sont les éléments indispensables pour un podcast réussi ?
Selon moi, pour que le podcast soit réussi, il y a deux éléments importants.
D’abord, le sujet doit être pertinent, bien traité et intéressant. C’est la base, il faut que le sujet soit sexy, qu’il donne envie à l’auditeur de l’écouter de A à Z.
Le deuxième élément indispensable, c’est qu’il y ait une bonne communication sur ce podcast. Il n’y a rien l’un sans l’autre, c’est-à-dire qu’on peut bien communiquer sur un podcast pas terrible, ça ne marchera pas. Et inversement, on peut faire un podcast génial, si on ne communique pas bien, ça ne décollera pas non plus.
Les gens ne vont jamais se forcer à écouter un podcast. Ce n’est pas comme la télévision qu’on peut laisser allumer en fond ou la radio qu’on allume dans sa voiture sans y prêter attention.
« Personne ne va se forcer à écouter un podcast, donc il faut qu’il soit bon ».
Bien sûr, il faut aussi qu’il soit construit, qu’il y ait une qualité de son agréable pour que l’auditeur ne zappe pas. Aujourd’hui, on peut vraiment faire de jolis montages, des structures cohérentes et haletantes.
Si je résume, un podcast réussi, c’est une bonne préparation du sujet, un conducteur cohérent et une capacité à tenir l’auditeur en haleine.
7. Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait créer son podcast ?
Dans un premier temps, il faut avoir du temps ! *rires*
Un podcast va demander énormément d’implication, sur le long terme.
Par exemple, je donne une formation à la création de podcast, et les personnes qui y assistent sont impressionnées à chaque fois par comment le temps passe vite quand on fait du montage. Tout à coup la matinée est terminée, alors que tu as passé 3 heures à faire du montage et que tu n’as pas levé la tête de ton écran d’ordinateur. Il faut vraiment avoir du temps à y consacrer rien que pour le montage audio. Il faut aussi une certaine maîtrise des logiciels audios, avoir un minimum de matériel, c’est indispensable.
Dans la plupart des cas, ça ne va même pas forcément suffire, il faut s’entourer aussi d’oreilles externes, demander l’avis à des professionnels, à son entourage. Quand on travaille seul, on peut avoir l’impression de traiter un sujet génial mais qui est en fait très fastidieux à comprendre pour quelqu’un d’autre. Travailler en équipe ou se faire accompagner est vraiment une valeur ajoutée pour créer un podcast très professionnel et qualitatif. Tout seul, on peut vite atteindre des limites en termes de qualité sonore et de production.
« Faire un bon podcast est devenu un vrai métier ».
Tous les podcasts qui marchent sont des projets hyper travaillés, que ce soit dans des studios comme Radio France ou dans des studios de productions de podcast.
8. Qu’est-ce qui te plaît dans ce métier ?
Depuis toujours, j’aime la radio. J’aime l’intimité de ce média, le fait d’être dans un studio avec son casque, son micro, poser sa voix, la moduler et raconter une histoire à un interlocuteur. Il y a quelque chose de l’ordre de l’intime, de la proximité que j’ai toujours apprécié en radio. Le fait de devoir tout mettre en place, matériellement et physiquement pour que ce soit parfait au moment où tu vas délivrer ton message. C’est ce qui me plait.
J’accompagne également les gens à le faire, et c’est gratifiant de voir qu’ils apprécient également ce moment-là. Le travail du son, arriver à construire quelque chose avec la voix, la musique, le bruitage…
« Tout cela assemblé va procurer une émotion à l’auditeur en lui faisant passer un message, c’est ce qui est magique pour moi dans ce métier. »
9. Quelle relation entretiens-tu avec ABC Voice ?
C’est une collaboration qui a commencé en pleine période du COVID, mais ça a tout de suite été fluide !
« On s’est lancé un peu au même moment, c’est comme si on avait grandi ensemble. »
Comme je le disais, le podcast était encore méconnu et nous avons commencé main dans la main nos débuts sur le podcast “Demain c’est loin”. C’était un podcast enrichissant, l’idée était de faire témoigner des chefs d’entreprise toulousains sur comment ils avaient vécu la période COVID. Ce sont presque des témoignages historiques, d’une pandémie qui a marqué l’histoire. Mais ce sont des témoignages qui restent intimes, proches des auditeurs. C’était une expérience hyper sympa.
Pourquoi faire appel à une agence de communication sonore ?
On a également collaboré pour des clients en communication interne, pour un grand promoteur immobilier français. Il s’agissait d’une prise de parole du dirigeant sur le bilan de l’année à destination des employés. Il y avait tout un travail de déblayage, de comment faire passer les messages, d’utiliser les bonnes formulations pour que ce soit bien reçu et bien clair. Ce n’est vraiment pas facile de faire passer un message écrit à l’oral. Quand on prépare un podcast en communication interne ou podcast de marque, on va écrire pour parler. Tout est écrit mot pour mot et doit être validé en amont par l’entreprise. C’était vraiment passionnant d’avoir pu travailler avec la chargée de communication sur ces dossiers. J’avais passé deux séances de plusieurs heures à travailler avec elle pour écrire chacun des messages qu’on voulait faire passer.
10. Quels sont les avantages à ce lancer dans l’aventure podcast, à créer son podcast ?
C’est un nouveau moyen de communication, nous avons vécu ces dernières années l’avènement d’un média assez révolutionnaire. C’est clairement un nouveau moyen pour les entreprises de communiquer. En communication interne, c’est tellement sympa d’écouter un petit podcast, que ce soit ensemble dans un open space, avec son casque en continuant à checker ses mails ou même dans sa voiture. C’est bien plus ludique et pratique que de recevoir une newsletter ou des mails de la direction ! *rires*
Pour moi, il n’y a pas photo sur la communication interne, c’est obligé que ça se développe !
Les avantages du podcast pour les PME
Un des gros avantages du podcast, c’est qu’on peut faire autre chose en même temps. Sous la douche, dans sa cuisine, en travaillant… Écouter un podcast, c’est être libre de ses mouvements, être actif, il y a juste à se concentrer sur ce qui est dit.
Le podcast de marque va lui s’appuyer sur une stratégie de communication à long terme, qui va permettre de mettre en avant la marque. C’est ce qui est intéressant, c’est que c’est un travail sur le long terme, sur plusieurs épisodes. Pas comme une pub qui vient communiquer en one shot. Cela va permettre de booster la notoriété, fidéliser la clientèle et ce sont les statistiques qui le disent ! *rires*
Parfois, rien que d’écouter un podcast peut donner envie d’acheter un produit ou service, ce média va vraiment permettre aux entreprises de travailler sur leur positionnement.
Il y a vraiment une multitude d’avantages, et on peut constater qu’aujourd’hui, toutes les grosses entreprises s’y mettent.
Maintenant, avoir son podcast, c’est la base ! *rires*
Interview réalisé par Marie-Alix, chargée de projet chez ABC Voice,
le 22 mars 2023 dans notre agence de Toulouse
Toute l’équipe d’ABC Voice remercie Milia Legasa pour sa participation à cet interview.